Les développements phénoménaux de l’intelligence artificielle font aujourd’hui les choux gras de la presse généraliste. Il ne se passe pas une semaine sans que celle-ci ne soit évoquée. Ce n’est pas sans soulever de nombreux problèmes, au premier rang desquels cette question : quel avenir pour l’homme si la machine le surpasse en intelligence ? Cela signe t-il, comme l’affirme Stephen Hawking, la fin de l’espèce humaine ?
Il faut arrêter de fantasmer sur les pouvoirs supra-naturels de la machine. En premier lieu, nous sommes loin, très loin d’avoir formalisé une architecture semblable à l’intelligence humaine et qui serait de surcroît exploitable en cybernétique, même si celle-ci est très avancée. Le passage d’une Artificial Narrow Intelligence à une Artificial General Intelligence n’est pas pour demain. Après-demain, peut-être ?
Étonnante, cette propension de nos scientifiques, à vouloir à la fois être des inventeurs géniaux, les premiers à mettre en œuvre une telle intelligence, et dans le même temps résister tant qu’ils peuvent à ce changement qui menacera, bien évidemment, leurs emplois. Peut-on gagner une course en appuyant à la fois sur l’accélérateur et le frein ? Si les institutions concernées par cette recherche sont elles-mêmes victimes de cette absurdité, ce n’est pas sans contrepartie. Faire du sur- place est un excellent moyen de faire durer les recherches et de pérenniser son emploi.
Un nouvel éclairage de la question pointe dans le New York Times d’aujourd’hui, 2 septembre 2016, dans un article intitule « Devising Real Ethics for Artificial Intelligence », et informant que les « Tech Giants » discutent d’une éthique pour l’usage de l’intelligence artificielle. Parmi ces géants qui confrontent leurs idées sur le sujet se trouve naturellement Jeff Bezos, bien connu pour son éthique managériale sans équivoque, un modèle du genre.
Il est alors légitime de se demander si cette éthique n’est pas tout simplement destinée à protéger les intérêts particuliers de quelques-uns de l’émergence inopportune d’une start-up qui gagnerait cette course a l’AGI.
Là aussi, qu’on se rassure. L’expérience montre que, quelles que soient les mesures d’encadrement que décident les hommes de pouvoir, l’intelligence trouve toujours un chemin. Et personne ne peut vous empêcher d’être intelligent.